Le jeudi 27 février à 15 h, dans la salle Frédéric Bazille de Saint-Clément-de-Rivière, Claude Gradit nous présente notre conférencier, Bertrand Monnet, un expert du narco-trafic en France, titulaire de la chaire "Management des risques criminels" à l’EHDEC (Lille).
Devant plus de 100 personnes, Bertrand Monnet articule sa présentation en trois parties.
En premier le développement consistant en une création de valeur qui rapporte aux narcos 800 à 2700 milliards de $/an, soit 1 à 3 % du PIB mondial.
Le seul trafic de cocaïne rapporte 250 milliards de dollars par an, soit l’équivalent du PIB des 21e et 22e pays mondiaux que sont le Portugal et la Nouvelle-Zélande. L’achat de 400 kg de coca en Colombie vaut 286 $, quantité nécessaire pour faire 1 kg de cocaïne pure vendue 1150 $. Après ajout de produits "low cost" du supermarché local, le kg transformé, acheminé au Mexique par les cartels, vaut alors 12500 $ pour une plus-value de 980 %. En Europe, le prix du kg passe à 63000 $ (Italie), soit une augmentation de 5300 %. Puis cette drogue est coupée et on obtient un pain de 1,4 kg valant 88000 $. Un gramme de cette cocaïne est vendu au prix moyen de 65 € en Europe, ce qui amène le prix d’1,4 kg à 91000 € pour un gain de 7800 %. On comprend que les narcotrafiquants peuvent se permettre de corrompre toutes les personnes qui leurs sont nécessaires : douaniers, dockers, piroguiers, pilotes d’avions… sur tous les continents.
En deuxième, la prédation qui englobe vol de marchandises, extorsion, fraude, contrebande et piraterie. Le conférencier présente des vidéos de narcotrafiquants de Colombie, du Mexique et du Nigeria expliquant leurs vies et la raison de ces trafics. Il développe la partie piraterie surtout en Afrique, celle au large du Nigéria ou celle au large de la Somalie. Une partie sur la cybercriminalité, délit qui reprend les 4 premières techniques de la prédation, est très intéressante. L’argent récupéré par tous ces trafics doit être placé, empilé et intégré dans la société.
La troisième partie de la conférence est consacrée au blanchiment de l’argent sale. Bertrand Monnet nous montre comment l’argent sale devient propre avec l’aide des banquiers et particulièrement ceux du Qatar qui reçoivent les narcos, sachant très bien qui sont leurs interlocuteurs et leur proposant de placer leur argent dans des entreprises ou des marchés financiers, sans prendre de risques.
Pour terminer, Bertrand Monnet répond à de nombreuses questions et vers 18 h, après une salve d’applaudissements, je conclus en remerciant ce très brillant conférencier, lui remettant, au nom de l’ANOCR, le dernier livre de Jérôme Fourquet et en invitant toute l’assemblée à partager le verre de l’amitié offert par l’IHEDN/LR.
SLC