Montpellier
Il n’y avait pas foule pour cette commémoration. Les autorités civiles (le préfet et des représentants des instances territoriales) et militaires (le général Lettermann, le lieutenant-colonel Bonte), quelques harkis ou fils de harkis et une poignée de fidèles représentant le monde des anciens combattants. Un piquet d’honneur du 503e régiment du train et les drapeaux des associations plantaient le décor.
Après le message délivré par le représentant les harkis, le lieutenant-colonel Omar Laradji (officier de l’armée française et ancien de l’EAI), rappelant l’abandon de la France qui a eu pour conséquence des milliers de morts parmi tous ces soldats qui avaient combattu dans les rangs français, Pierre Pouëssel, préfet de l’Hérault, a procédé à la lecture du message de Madame Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées, en présence des autorités civiles et militaires. Le préfet a également déposé une gerbe au monument aux morts de toutes les guerres, auquel on accède par l’esplanade Charles De Gaulle.
À l'occasion de cette Journée nationale d'hommage aux harkis, la secrétaire d'État Geneviève Darrieussecq a présenté des mesures en faveur de ces anciens supplétifs de l'armée française en Algérie. Mais ce plan est loin de satisfaire les associations et il vient malencontreusement après la visite du chef de l’État à Madame Audin, veuve du traître à la Nation.
Cette année, à l’issue de la cérémonie, le public pouvait assister au Corum à une lecture théâtralisée d’une pièce pour honorer la mémoire harkie de la Cité de la gare de Lodève.
À la fin de la guerre d’Algérie, l’usine de tapis de Tlemcem cherche un point de chute en France. Elle choisit Lodève, une petite ville au nord de Montpellier.
C’est alors qu’une soixantaine de familles de harkis s’installent en 1964, à la Cité de la Gare, construite à l’entrée de la ville, juste à côté des ateliers.
Grâce à la qualité du travail des lissières, les ateliers de l’usine sont très vite rattachés à la manufacture nationale des Gobelins par André Malraux, alors ministre de la Culture.
Aujourd’hui la compagnie du Cœur à barbe, une compagnie de théâtre, veut raconter l’histoire de ces femmes et de leurs familles venues s’installer ici dans l’Hérault.
Pour cela, elle a fait appel à la mémoire des habitants et parmi eux, Ali Benameur, arrivé avec ses parents et qui a passé plus de 20 ans dans la Cité de la Gare.
Béziers
La cérémonie s’est déroulée mardi soir au cimetière neuf, en présence de nombreux édiles, parmi lesquels le maire de Béziers, Robert Ménard, le sous-préfet de l’Hérault, Christian Pouget, des élus, ainsi que les représentants de la police nationale, de la gendarmerie et les associations d’anciens combattants et de Harkis. Au premier rang aussi, les drapeaux, la musique des sapeurs pompiers de l’Hérault et Georges Fontès, ancien maire de Béziers. Le premier magistrat a débuté son allocution en saluant "la présence nombreuse, importante, essentielle et même capitale" à cette cérémonie. Il parlait alors de "croisée des chemins" et de la bataille engagée pour garder la mémoire. Il continuait son propos par "Mes amis Harkis ont été les vaincus de cette histoire officielle". Et revenant sur les dernières dispositions prises par le président Macron, il ajoutait : "Une vingtaine de Harkis ont été honorés par Macron, mais ce n’est pas assez. On est tellement loin du compte et il est si tard. Depuis 56 ans les Harkis attendent un geste…". Il répétait alors plusieurs fois le mot "pardon" et son souhait de "tourner cette page de douleur et de honte" afin qu’ils "retrouvent leur place dans le manuel d’histoire. Il faut arrêter de parler de supplétifs."