Deux soldats français ont été tués au Mali le mercredi 21 février 2018 dans l'explosion d'une mine artisanale au passage de leur véhicule blindé, a annoncé l'Élysée dans un communiqué, confirmant de précédentes informations de source militaire. Le colonel François-Xavier Héon, chef de corps des spahis, se trouvait également dans le véhicule et a été blessé.
Vendredi 23 février, une cérémonie organisée devant le monument aux morts de toutes les guerres à Montpellier a rendu hommage à ces soldats. Cette fois, toutes les autorités étaient présentes, Pierre Pouëssel, préfet de l'Hérault, Philippe Saurel, président de la métropole de Montpellier, Patricia Miralès député, le DMD, le ComGend, le SIRFA, l'ONAC, les associations patriotiques et 21 porte-drapeaux dont celui du CEACH. La cérémonie, sobre comme à l'accoutumée, a été d'autant plus chargée d'émotion que le détachement Sentinelle actuellement déployé sur Montpellier appartient au 1er Régiment de Spahis. Tout naturellement un piquet d'honneur en tenue de combat et tous les soldats, non en service, étaient là très marqués par la disparition de leurs camarades. Ils ont chanté le chant de tradition du régiment "C'est nous les Africains…". Le lieutenant commandant le détachement Sentinelle a rapporté au micro les circonstances de leur mort et leur carrière. À ce moment-là, dans le public, nul ne savait officiellement que le troisième soldat blessé était le chef de corps car l'AML touchée était l'AML de commandement.
PHOTOS (Francis Pigeaud, vice-président du CEACH)
Le sergent-chef Emilien Mougin, promu adjudant, 31 ans, était natif de Gap (Hautes-Alpes). Il servait la France depuis 13 ans. Il s'était engagé dans l'armée en décembre 2004.
Il rejoint le régiment de Spahis de Valence en 2013 où il obtient aussitôt le brevet de moniteur commando. Il sert en Côte d'Ivoire, puis en Centrafrique, assurant la protection rapprochée du général commandant la force Sangaris. Depuis début 2018, il était engagé pour quatre mois dans la zone de Kidal, classée comme l'une des plus dangereuses de l'opération Barkhane. Le Sergent-chef Emilien Mougin était pacsé et père de deux enfants.
Le brigadier-chef Timothé Dernoncourt, promu maréchal-des-logis, était né le 1er septembre 1985 en Colombie. Il avait accompli la totalité de sa carrière au 1er régiment de Spahis à Valence. Il totalisait 14 ans d'états de service dans l'armée.
Pilote d'engin blindé, il est d'abord affecté au Sénégal pour une première mission de courte durée en 2006, puis à Djibouti en 2008 et en 2009. Il y fait preuve de sang-froid et d'une grande maîtrise technique, disent ses supérieurs. Entre 2015 et 2016, il effectue des missions en République centrafricaine, comme conducteur d'engin blindé dans le cadre de l'opération Sangaris. Il reçoit de nombreuses lettres de félicitations lors de ses missions. Il était notamment décoré de la Croix du combattant et de la médaille de la Défense nationale. Âgé de 32 ans, le brigadier-chef Thimothé Dernoncourt était célibataire.
Engagé depuis le début de l'année dans le groupement tactique au Mali, c'est lui qui pilotait le blindé qui a explosé sur une mine artisanale.
Le colonel Francois -Xavier Heon, chef de corps du 1er régiment de spahis, était aussi à bord de l'engin et il est lui-même blessé.
Il a pris ses fonctions en juin dernier à la tête du régiment.
Le colonel François-Xavier Heon n'est pas nouveau au sein du régiment de spahis. Il y a servi, il y a 20 ans, entre 1997 et 2004. Durant cette période, il a été chef de peloton, officier adjoint puis capitaine commandant un escadron de combat. Ce retour pour lui est forcément chargé en émotion. "Imaginez-vous, j'ai occupé à peu près toutes les places des gens que vous avez vus sur la place d'armes lors de la cérémonie et puis maintenant, je m'y retrouve au centre, c'est quelque chose d'extraordinaire".
Au cours de sa carrière dans l'armée de Terre, le colonel François-Xavier Heon a participé à des opérations extérieures comme le Kosovo ou encore l'Afghanistan. Il sort actuellement d'une affectation de quatre ans à Paris, avec l'envie de retrouver les valeurs des Spahis.
"Un régiment c'est un ensemble d'hommes et de femmes, et c'est vraiment la dimension la plus importante du commandement. En y revenant, je retrouve des gens que j'ai connus. Et puis quand on y sert, on a l'habitude de dire que c'est le plus beau régiment de France ! Mais là, on est un petit peu partisan quand on le dit".