La météo nous avait annoncé du beau temps sec, promesse tenue mais nous avons été surpris en constatant avec quelle violence le vent secouait les branches des platanes centenaires qui bordent le parking et l’allée menant à l’entrée principale de la Manufacture royale de draps de Villeneuvette. Ce parking avait été choisi comme point de départ de cette randonnée de 14,78 km et de 416 m de dénivelé.
Nous devions être 6 et, après quelques instants d’attente, l’effectif restant inchangé, nous nous mîmes en route. Devant la porte d’entrée surmontée d’un fronton majestueux sur lequel on peut lire « HONNEUR AU TRAVAIL », nous décidâmes de remettre à plus tard, à l’arrivée, la visite de la manufacture. Après une petite grimpette nous sommes arrivés au Grand Bassin de la colline. Ce bassin, à 170 m d’altitude et aménagé en 1895 au-dessus de la manufacture, stockait plus de 2000 m3 d’eau nécessaires à l’usine et entraînait deux turbines par une conduite forcée. Aujourd’hui le bassin est à sec.
Plus loin, un béal (petit canal d’alimentation) en parfait état mène au Pont de l’Amour. Le Pont de l'Amour qui traverse la Dourbie est en fait un aqueduc, étroit à son sommet, qui faisait transiter l'eau d'une rive à l'autre. La tradition voulait que le lundi de Pâques, les amoureux passent ensemble sur le pont, la main dans la main, s’embrassent au milieu et le traversent. S'ils y parvenaient, c’était le mariage assuré dans l'année.
La pause-café fut comme toujours un moment de détente et de partage, café, viennoiseries, gâteau fait maison (merci Yveline) et permit de rejoindre Mourèze ragaillardis. Mourèze est un petit village blotti au pied et autour d’un bloc dolomitique sur lequel un castel fut édifié au Xe siècle. Sur une plateforme intermédiaire, entre le château et le village, fut bâtie l’église Sainte-Marie au Xe siècle, probablement sur les bases d’une ancienne église romane.
Après une brève visite de l’église, nous nous sommes engagés dans le dédale du chaos ruiniforme du Cirque de Mourèze en empruntant un sentier étroit parsemé d’embûches. Ces roches dolomitiques prennent parfois des formes curieuses sous l’effet de l’érosion, comme sculptées : la Tête de mort, le Lion, le Singe, le Bison… Ce sentier longe d’ouest en est la Montagne de Liausson sous le nom de Chemin des Charbonniers. La production de charbon de bois existe à Mourèze depuis le XVIIIe siècle. Ce charbon était un combustible intéressant, léger et ne produisant pas de fumée. Il fut utilisé durant la guerre pour alimenter les voitures au gazogène.
Nous avons piqueniqué au point le plus haut du parcours (343 m) face au Pic de Vissou.
Après une succession de montées et de descentes nous avons rejoint la Manufacture royale de Villeneuvette. Nous avons circulé dans ce qui était autrefois une fabrique de draps et plus tard d‘uniformes. Elle fut fondée en 1667 par un marchand drapier clermontais, Pierre Baille, qui acheta sur les rives de la Dourbie une métairie et un moulin à foulon. Les propriétaires se succédèrent jusqu’à Joseph Maistre en 1803. La famille dirigea la manufacture pendant plus d’un siècle jusqu’en 1954, date de sa fermeture.
La présentation de la manufacture serait beaucoup trop longue. Je vous propose donc de consulter ce site fort bien documenté.
La randonnée et la visite se terminèrent à 16 h, tous satisfaits de cette belle balade.
Jean DUBEAU