Lorsque nous arrivâmes, avec un léger retard, sur le lieu de rassemblement fixé, une bonne partie des troupes était déjà à attendre. Mais il en manquait encore un bon nombre retenu sur la route. Lorsque la cohorte fut au complet, la troupe forte de 17 personnes (hommes et femmes) se mit en route à l’assaut du château d’Aumelas en état de siège depuis mardi dernier. Le temps était beau, un ciel d’azur et la température, relativement fraîche, pas plus de 7°, ne l’était pas assez pour refroidir notre ardeur, stimulés que nous étions par notre objectif.
La région, maintes fois convoitée, avait subi par le passé quantité d’invasions, notamment celle des Wisigoths qui créèrent ici la Septimanie, et la dernière, celle des Sarrasins en 713. La Septimanie fut reconquise par Charlemagne. C’est un peu plus tard que fut bâti le castellas destiné à protéger la région et sa population. Le castellas d’Aumelas fut résidence seigneuriale sous le règne des Guilhem de Montpellier avant de devenir aragonaise puis de connaître les guerres de religion avant d’être peu à peu abandonné à partir du 16e siècle.
Les assiégés montraient déjà des signes de faiblesse, notre coup de main allait mettre fin à leur résistance. Après un déploiement autour des remparts du château et le déballage de nos victuailles copieusement arrosées de café revigorant, le moral des occupants du château craqua. Ils rendirent aussitôt les armes. Notre troupe investit aussitôt le château, pillant tout sur son passage. Bientôt il ne resta plus que quelques ruines fumantes : la chapelle castrale Saint-Sauveur bâtie dans le donjon ne fut pas épargnée alors que l'église de Notre-Dame construite à l'extérieur fut préservée. Chargés du butin que nous avions prélevé, nous reprîmes la route pour d’autres razzias. Afin de brouiller les pistes à d’éventuels poursuivants, notre troupe se sépara. Et c’est à travers monts et vallées, traçant notre route parfois où nul chemin n’existait, que nous parvînmes à trouver un endroit propice pour nous regrouper afin de nous sustenter. Nos ripailles ayant pris fin, nous reprîmes notre fuite pour enfin arriver à notre lieu de repli après 15 km de marche forcée. Là nous pûmes enfin souffler, reparlant avec joie de nos exploits accomplis dans la journée. La température, qui avait grimpé sensiblement tout au long de la matinée, était maintenant de 16°.
Chacun ayant prélevé sa part du butin, nous nous dispersâmes dans toutes les directions.
Jean DUBEAU