L'heure du déconfinement avait sonné dès lundi et tel un libéré en conditionnelle j'avais besoin de m'évader, de me faire la belle. Mais où aller ?... Le hasard du calendrier faisait bien les choses. Ce mardi était le mardi 12 et le mardi 12 mai il était prévu au calendrier, avant l’arrivée de ce fichu virus, une randonnée, La Boissière, et cette randonnée était la mienne et autre fait du hasard la météo annonçait le retour du soleil après un lundi particulièrement arrosé. Il fallait donc sauter sur cette occasion. Dans ce projet d’évasion je voulais associer quelques compagnons. Cinq ont répondu présents.
Mardi donc nous nous sommes tous retrouvés au point de rendez-vous sur la place du village ; quatre Gardois et deux Héraultais. Très bonne association. Il m’a fallu un certain temps pour assembler et préparer mon matos de prise de vue. Il fallait retrouver les automatismes oubliés au cours des ces deux derniers mois, se vérifier encore et encore. Les copains et copines s’impatientaient. Ça ruait dans les brancards.
À 9 h 30 passés, le petit groupe s’est mis en route. Dès le départ, les recommandations de sécurité étaient strictement appliquées. Ne sommes-nous pas des personnes raisonnables ?
C’est dans un paysage rappelant celui du Salagou que nous avons progressé, la ruffe. Après une demi-heure de marche nous avons atteint le lac de La Boissière. Le cadre n’avait rien d’enchanteur. C’est en longeant le ruisseau qui s’en écoulait, le Gassac, que nous avons atteint cette très belle cascade aux eaux tumultueuses. L’occasion était trop belle, la tentation trop forte. Abandonnant mes camarades j’ai suivi, de mémoire, la check-list précédant le décollage du drone. Est-ce l’angoisse du premier vol, chaque manœuvre était exécutée avec hésitation, maladresse. Le fait de survoler un plan d’eau assez étendu tout en me rapprochant de la cascade n’était pas fait pour me mettre à l’aise. Petit à petit la confiance est revenue et les tremblements ont cessé. Le tournage terminé il me fallait à présent « courir » après mes compagnons pour les rattraper. Je me demandais quelles bêtises ils avaient pu faire pendant mon absence. Heureusement ils avaient été raisonnables.
Nous sommes arrivés au domaine de Coston, un vignoble. Immédiatement je me suis rappelé que Marcel et moi avions cassé la croûte autour d’une table protégés du soleil par un bosquet de chênes verts. Eh bien la table et les chaises étaient toujours là. Après avoir dressé la table nous avons savouré notre repas froid. Le repas fini, après avoir remis le mobilier tel que nous l’avions trouvé à notre arrivée, nous avons repris notre route en direction du Puech Bartelié à 2 km de là. À l’approche du sommet, les pylônes en vue, les souvenirs ont à nouveau afflué. Mais oui !!! nous étions déjà venus sur ce sommet. Le calvaire avec sa grande croix de bois ancrée sur un énorme socle de pierres à étages était toujours là. Je nous revois tous réunis en ce jour du 9 novembre 2010. Quelle émotion !... Nous étions si nombreux à cette époque. Pour Annie et moi c’était notre sixième randonnée depuis notre arrivée à l’ANOCR. 10 ans déjà.
Pour rejoindre La Boissière nous n’avions plus d’effort à fournir, la piste descendait jusqu’au village. À 15 h tapantes nous étions aux voitures. Une très belle randonnée de 14,620 km avec un dénivelé de 280 m. Parfait pour une remise en jambes. Nous allons attendre la prochaine avec impatience, en espérant y être très nombreux.
Jean DUBEAU