Ce mardi, nous nous sommes retrouvés près du monument aux morts de Saint-Saturnin-de-Lucian. Saturnin envoyé en 250 pour évangéliser la Gaule fut attaché par des prêtres païens au taureau qu’il avait refusé de sacrifier pour honorer l’empereur. C’est en 1951 que "Lucian" fut rattaché au nom.
Nous étions 10 comme prévu, il ne manquait personne.
Après plusieurs jours de pluie sur la région nous continuions à profiter d’un temps estival, des conditions météo idéales pour cette randonnée un peu, assez, ardue.
Démarrant du monument aux morts nous avons traversé le village pour attaquer le parcours à travers la garrigue et les ruffes (terres rouges dont la couleur est due à la présence d'oxyde de fer). Le parcours ayant été reconnu, crapahuter sur les dunes, dans et à travers les ruisseaux, heureusement peu profonds, fut chose aisée. L'extrait du poème d'Antonio Machado "Caminante, no hay camino. Se hace camino al andar" (Promeneur, il n'y a pas de chemin. Le chemin se fait en marchant), pouvait très bien être notre devise. Après la pause-café nous avons atteint le lieu-dit Les Marcassins.
À partir de là nous avons attaqué La Roque Courbe pour atteindre Le Rocher des Deux Vierges passant de l’altitude de 157 m à celle de 536 m sur une distance de 3,2 km. Un rude effort pour mériter la vue qu'offre le sommet sur la plaine environnante. À l'ouest, le Lac du Salagou et le Mont Caroux, au nord, le Larzac et la Séranne, à l'est les Monts de Saint Guilhem, et au sud, les plaines de l'Hérault qui s'étendent jusqu'à la Méditerranée.
La Chapelle de Saint-Fulcran date du 11e siècle. Elle fut édifiée à l'emplacement d'un ancien château fort dont quelques vestiges sont encore visibles aujourd'hui sur le piton nord. La légende veut que deux jeunes sœurs (peut-être sœurs de Saint Fulcran, évêque de Lodève, peut-être sœurs de Saint Guilhem lui-même), s'y soient installées pour consacrer leur vie à la prière et à la méditation. C'est sur ce piton rocheux que nous avons pique-niqué au soleil et à l’abri du vent très fort ce jour-là.
Le nom Canyon du Diable donné à cette randonnée provient d'un imposant ravin qui s’est formé sur le versant ouest du rocher. Le temps nous manquait pour une exploration de cette faille.
En redescendant nous avons traversé le Bois des Félibres où un mémorial a été érigé en 1935 en hommage aux poètes du Félibrige – association littéraire fondée par Frédéric Mistral pour assurer la défense des cultures régionales et la sauvegarde de la langue d'Oc – morts pour la patrie lors de la Première Guerre Mondiale. La chorale dirigée avec talent par Jacques a entonné avec ferveur la Coupo Santo. Instant émouvant. Les notes cristallines s’élevaient, rebondissant contre la paroi rocheuse du mémorial.
Puis ce fut le retour à Saint-Saturnin. Tout le long du chemin baptisé en 2016 "le Sentier des poètes" se dressaient des supports ouvragés présentant des extraits de poèmes le plus souvent en occitan.
Cette randonnée de 13,4 km pour une dénivelée de 577 m a demandé, pour ma part, une dépense énergétique de 1426 kcal, une puissance moyenne de 331 W et une puissance moyenne en montées de 432 W. Pas sûr que cela soit une énergie renouvelable.
Des commentaires figurent sur chacune des photos. Vous y trouverez la traduction française des poèmes occitans gravés sur les plaques de marbre. Cliquez sur l'icône en forme de bulle style BD en bas à droite de la photo pour les lire.