Lundi, à la lecture du sondage, nous savions déjà que cette randonnée ne serait pas une randonnée ordinaire. Sur le formulaire où figuraient les noms des participants on pouvait lire Hélène et Michel DC présents. Il a fallu passer un coup de fil pour s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’une erreur.
Mardi matin, le rassemblement eut lieu comme dans « le bon vieux temps » chez Michel. Même accueil que l’on appréciait tant. En cette occasion Michel nous avait réservé une agréable surprise : une tarte aux framboises faite de ses mains pour accompagner le café traditionnel d’avant le départ. Un vrai régal. On reviendra.
Mais il ne fallait pas s’attarder. Le point de départ de notre randonnée se situait près de la colonie pénitentiaire agricole de Le Luc. Le propriétaire d’une aile de cette immense bâtisse nous renseigna sur l’histoire de cette colonie. À l’en croire ce n’était pas ce que beaucoup écrivaient sur cet établissement. D’après lui ce n’était pas évidemment une colonie de vacances mais ce n’était pas non plus un goulag, un bagne, un camp de concentration.
La colonie fut créée par M. Marquès du Luc, propriétaire d’une grande propriété sur le Causse et conseiller régional du Gard en 1856. Le Luc accueillera des enfants difficiles de l’assistance publique jusqu’en 1929, date à laquelle elle fermera définitivement.
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Sur les terres du Luc s’ouvre un impressionnant aven d’une soixantaine de mètres de diamètre et aux parois verticales d’une hauteur d’environ 80 mètres. Au pied de cet aven s’ouvre une grande salle dans laquelle fut décidé d’aménager une fromagerie. Marquès du Luc avait des projets ambitieux qui aboutirent à des travaux gigantesques auxquels les colons ont dû prêter leurs bras, mais sans aller jusqu’à creuser le tunnel au pic comme le relatent trop souvent les « on dit ».
Après avoir atteint Le Luc Bas nous nous sommes orientés plein nord pour rechercher la cuvette de dépression où démarre la galerie menant au gouffre Saint-Ferréol ou St-Ferron où avaient été aménagées les caves d’affinage des fromages. Nous eûmes à franchir bon nombre de clôtures et de barrières closes avant de dénicher la cuvette. Là, un sentier en colimaçon nous mena 45 m plus bas à l’entrée de la galerie percée dans la roche. À l’entrée une inscription sinistre :
« Mes chers amis
Prenez la fuite
Ne restez pas au Luc
Un colon .(illisible) »
Ainsi qu’une autre « On n’oublie pas le bagne du Luc ».
Équipés de nos lampes nous nous sommes engagés dans la galerie, nous enfonçant de plus en plus dans l’obscurité. Après avoir parcouru 220 m sur un sol à faible déclivité (~ 10%), passant de – 45 m à – 65 m, nous nous sommes retrouvés au sommet d’un escalier aux marches de pierre parfaitement taillées. Une petite équipe est descendue explorer le fond du gouffre situé 15 m plus bas. Des madriers et des poteaux de bois au sol rappelaient les claies où les fromages étaient affinés. La température y était très fraîche. Un régal en comparaison avec la température en surface.
La randonnée reprit. Encore des clôtures et des barrières à franchir (avec élégance). Un peu plus loin les bâtiments en ruines de la fromagerie apparurent au milieu de la végétation. En haut de l’aven une bâtisse de 6 étages est bâtie, plaquée sur la paroi verticale. Dans la pièce inférieure une grande ouverture fait face au vide car on ne pouvait accéder à la cave 60 m plus bas qu’avec un treuil toujours visible aujourd'hui.
Détails sur la fromagerie ICI.
Un peu plus tard nous pouvions apercevoir les toits du petit village de Le Salze. C’est un hameau où est implanté un château à trois tours datant du XVIe siècle et entouré de maisons de pierres nues.
Puis direction plein nord pour atteindre le point le plus septentrional de notre randonnée : Campestre-et-Luc. C’est vers 13 h 30 que nous entrâmes dans l’église Saint-Jean-Baptiste. Une plaque en souvenir des morts de la première guerre nous apprit qu’un certain lieutenant Charles Marquès du Luc mourut en 1918. Un descendant donc du philanthrope qui créa la colonie pénitentiaire. À noter qu’à la fermeture de la colonie un M. Marquès du Luc était maire de Campestre. La place devant l’église lui est consacrée. C’est dans un petit parc attenant à l’église que nous prîmes la pause pique-nique.
Le retour aux véhicules se fit à travers une zone découverte, sous le soleil. La température oscillait autour des 34 ° C. Un peu avant notre arrivée une zone boisée nous procura un peu de fraîcheur.
Désormais nos randonnées estivales ne sauraient se terminer sans que nous nous accordions un moment de détente en savourant une délicieuse boisson fraîche et tonifiante.
Jean DUBEAU
PHOTOS (Claude Gradit, Michel De Cet, Jean Dubeau)