Sur la trace des Mauvais chiens

Le bruit avait  couru.

La prochaine randonnée devait se dérouler, à l'ouest du département de l'Hérault, sur les terres du village circulade de Saint-Pons-de-Mauchiens, petite commune à vocation viticole. Mauchiens étant la déformation verbale de  "O los mas cos" "Oh les mauvais chiens", paroles qu'auraient prononcées en l'an 975 le seigneur du château au moment où ses chiens, ne l'ayant pas reconnu, l'égorgeaient. 

Ainsi informés nous décidâmes d'en savoir plus et pour ce faire nous avions contacté un guide local. Rendez-vous fut pris pour neuf heures trente avec M. Pargoire, président de l'Association Patrimoine. Personnage truculent membre d'une famille présente depuis quatre générations dans le village. Tour à tour travailleur dans la vigne, séminariste, prêtre pendant dix ans, il a quitté son sacerdoce pour épouser une fille du pays et fonder une famille. Son père a été maire du village et son épouse a aujourd'hui pris le relais. Elle est donc la mairesse et lui, le retraité... la paresse (dixit).

En compagnie de ce sympathique guide nous avons parcouru les ruelles, nous arrêtant pour jeter un regard au magnifique plafond à caissons peint de la salle commune de la mairie (XIIe), puis à l'église, témoin majeur de l'art roman languedocien des XIe et XIIe siècles ; ensuite, en enfilade, tout un  ensemble inscrit à l'inventaire national du patrimoine : la maison des consuls, la maison des Émigrants et une partie des circulades du site du castellas.

Nous avons quitté notre guide après l'avoir chaleureusement remercié sur le palier du porche de sortie. À ce moment là l'espiègle nous laissa entendre que selon la légende les féroces canidés courraient encore la campagne. Ainsi avertis  nous partîmes sur les traces des loups.

À la sortie du Castellas nous avons renseigné un couple de randonneurs errant à la recherche de leur route : Marie-Madeleine et Régis, un couple de Lillois en villégiature à Pezenas, ne savaient pas par quel bout commencer la balade, la comparaison de leur parcours indiqua qu'il était analogue au nôtre. Nous avons donc fait à leur demande route ensemble. Route tout au long de laquelle nous apercevions çà et là l'église perchée sur son puech mais pas l'ombre d'un loup. Même pas aux abords du "Trou du Duc", aven profond et mystérieux dans lequel le corps du Duc aurait été jeté,  son fantôme y errerait encore.

Pour tout dire, renseignement pris il semblerait qu'en fait ces féroces canidés ne sortent que la nuit.

Le bruit court toujours.

À quinze heures, la boucle étant bouclée, nous avons quitté nos Lillois en projetant de nous retrouver l'année prochaine.

Il nous restait alors à parfaire la journée par une bonne collation. Gérard et son épouse Annie avaient prévu le coup, ils nous ont réunis autour du belle table dressée dans leur maison de maitre à Campagnan, village situé à  trois kilomètres à vol d'oiseau de St Pons de Mauchiens.

Revigorés, nous nous sommes quittés en nous donnant  rendez-vous le 13 novembre à Castries, lieu de la prochaine randonnée.

Marcel MAVER

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