Le colonel Terre / Train Adrien BOUHET est décédé chez lui à l'âge de 82 ans.
Adrien, qui perdait un peu la notion du temps et des choses, avait tenu à continuer à vivre seul chez lui. Avec l’amour de ses deux filles, il avait accepté très récemment d’être mieux suivi médicalement et d’intégrer une maison de retraite médicalisée car il connaissait de vrais moments de déprime malgré l’environnement de ses amis.
Éloge du colonel Adrien BOUHET le 16 octobre à Grammont (Montpellier)
par le colonel (er) Philippe Chanson
Mon Cher Adrien, Mon Grand Copain depuis plus de cinquante-quatre ans !
Né à Colmar (Haut-Rhin), tu n’as pas été épargné par la guerre, c’est la cause du déplacement de ta famille à Vivonne en Poitou. Tu y connais une enfance marquée par une vie scolaire simple, auprès de tes frères, de ta sœur, de ton père et d’une grand-mère affectueuse, au plus près de la nature et des travaux champêtres qui t’ont laissé des savoir-faire et la mesure des choses.
Après une scolarité à l’École militaire préparatoire technique du Mans (1948-1952), tu t’engages pour cinq années au titre de l’École d’application du Train et tu effectues une formation de sous-officier.
Sous-officier aux FFA, brevet d’arme n° 1, puis brevet d’arme n° 2 du Train (1956), tu es nommé maréchal-des-logis-chef.
Admis à l’École militaire de Strasbourg (1957-1959), tu intègres l’École spéciale militaire interarmes, division corps de troupe et rejoins Coëtquidan (promotion "Maréchal Bugeaud") le 20 septembre 1959. À l’issue de cette formation, tu choisis l’École d’application du Train le 1er octobre 1960.
Officier en Algérie. Affecté aux 586e, au 587e Bataillons du Train puis au 522e Groupe de compagnies de Transport (1961-1963), tu participes au maintien de l’ordre et à la protection de la voie ferrée Alger-Constantine, puis tu auras, comme lieutenant, le commandement d’une Harka.
Après Lille, à la 2° Compagnie Régionale du Train, à ton retour d’Algérie, tu seras muté au 51° Bataillon des Services à Trêves aux FFA en août 1964. Affecté au groupe d’instruction auquel j’appartiens, tu auras en particulier la responsabilité de la formation des conducteurs du Train de la 1ère DB.
Tu te maries le 28 avril 1965.
Le 1er octobre 1967, tu es affecté au 502e Groupement de transport du Centre d’expérimentation du Pacifique comme capitaine. Après avoir commandé le centre auto de Hao, tu es autorisé à prolonger ton séjour. À la grande joie d’Annie, tu la rejoins à Papeete. Tu seras autorisé pour le retour, à emprunter une voie exceptionnelle ! Vous débarquerez tous les deux du FRANCE, au Havre le 21 octobre 1969.
À l’issue du temps de commandement de l’Escadron de transport 3/58e à Beauvais, tu es muté à la Direction Technique des Armes et de l’Instruction (DTAI) comme stagiaire "Études Humaines". Tu quittes ensuite Paris pour Lyon et le Centre de Sélection N° 8 de 1973 à 1976.
Après un séjour au 84° Régiment de soutien à Montmédy, comme chef d’escadron, tu es affecté au Collège militaire de Saint-Cyr-l’École durant trois années avant ton séjour parisien au "Bureau École" de la Direction des Personnels Militaires de l’armée de Terre (DPMAT) de juillet 1980 à août 1982. Tu es promu entre-temps au grade de lieutenant-colonel.
Après Fontainebleau, au 120e Régiment du Train, comme Commandant en second de 1982 à 1984, tu prendras le commandement du 12e Régiment de Commandement et de Soutien le 1er juillet 1984 à Tours.
Délégué Militaire de Vendée de 1986 à 1991, colonel, tu termines ta carrière à La-Roche-sur-Yon.
Décoré de la croix de la Valeur militaire en Algérie, tu es chevalier de la Légion d’Honneur et officier de l’ordre national du Mérite.
Tu es fier de ta carrière mais, tu restes discret sur ce sujet. Fidèle à ta promotion Maréchal Bugeaud et aux "Anciens enfants de troupe", tu participes avec conviction à toutes les cérémonies qui renforcent et maintiennent nos traditions.
À la retraite, comme nous le souhaitions, nous nous sommes retrouvés à Montpellier, après avoir cultivé notre amitié de longues années, en nous rencontrant, selon nos affectations : chez Vous, à Montmédy, à Fontainebleau, à Tours, à La-Roche-sur-Yon ou chez Nous, à Besançon, à Saint-Maixent, à Saint-Cyr-l’École où tu m’as succédé au poste d’officier supérieur adjoint et dans notre logement au sein de l’École, à Baden Baden, à Berlin, quelques temps avant la chute du mur.
Ici, pendant de nombreuses années, tu participes avec Annie aux riches activités de notre communauté militaire (marches, randonnées, golf, sorties, voyages, soirées dansantes, galas de l’EAI, galas de l’ANOCR, 2S, diners, bridge entre camarades). Mince, élégant, réservé mais toujours aimable, courtois, tolérant, tu as, à l’unanimité, la sympathie de chacun.
Les années de bonheur se sont succédées et te voilà confronté à la maladie, celle de ta Bouboute d’abord ! Annie s’en va, tu parais t’en remettre ! Non, survient la tienne. Tu perds un peu la notion du temps, mais aussi des choses, tu fais face, peut-être, à des difficultés que tu t’appliques à ne pas montrer. Suffisamment conscient, de la dépendance immédiate de ton état et de celle qui menace, dans les maisons de retraite ? T’interdisant de vouloir peser sur le quotidien de la vie de tes filles Valérie et Karine, tu as pris une décision terrible.
Tu as fais un choix, nous aurions pu, peut-être, encore cultivé notre amitié. Je respecte ton choix, je respecte ta décision mon Copain…
Sois en Paix… !