Nous avons le regret de vous faire part du décès du général Jacques PERRY, promotion de Saint-Cyr "Rhin et Danube" (1947-1949). Il s'est éteint sans souffrance entouré des siens à son domicile du Crès le 31 janvier 2022.
Il avait quitté l'hôpital pour une hospitalisation à domicile depuis une quinzaine de jours.
Né en 1929, le général PERRY était commandeur de la Légion d'honneur, titulaire de la croix de guerre des TOE et de la valeur militaire avec 5 citations et 1 blessure.
Un dernier hommage, pour ceux qui le souhaitent, peut lui être rendu dans la chambre funéraire "Le jour d'après", place Charles de Gaulle, Le Crès, à partir du mercredi 2 février.
Les obsèques ont été célébrées en l'église St Martin du Crès le 7 février.
NDLR : voir la page consacrée au livre de Jacques, Toute une vie de combat.
Éloge du général Jacques PERRY
par le général 2s Jean-Marie VEYRAT
en l’église Saint Martin du Crès le 7 février 2022
Mon général, mon grand ancien, mon ami Jacques,
Marqué par ce qu’avait vécu ta famille au cours des deux guerres mondiales, en particulier ton père, grand patriote et valeureux combattant de 1914, toi-même comme jeune garçon et adolescent par la défaite de 1940, l’occupation allemande et les combats de la libération, le jeune Lorrain que tu étais n'a pas hésité longtemps à choisir sa voie : être soldat, servir la France, et pour cela, faire Saint-Cyr et devenir officier.
Après ta préparation au concours, au prytanée militaire de La Flèche, tu entres à l'École spéciale militaire en 1947,à 18 ans, avec la promotion "Rhin et Danube", et à la sortie, tu deviens officier du Génie et tu débutes une carrière qui va durer 38 ans, de 1947 à 1985.
38 années très riches puisque tu as servi dans de nombreux postes très différents : des postes interarmes (officier d’encadrement à St-Cyr, chef de bureau à l'état-major du 2e corps d'armée et des Forces françaises en Allemagne, adjoint au général commandant la 5e division blindée toujours en Allemagne), des postes interarmées aussi (missions militaires en Afrique, en Arabie saoudite, en Allemagne). Mais tu as aussi beaucoup servi dans I’arme et le service du Génie dans de nombreuses affectations, en France et à l’étranger, dans les unités de l'arme, dans le service, dans les commandements et directions, à l’administration centrale à Paris.
Je citerai surtout les affectations où tu commandais des hommes : comme lieutenant, chef de section au 2e régiment du génie à Metz, au 31e bataillon de marche du Génie au Tonkin, à la compagnie du génie du Cambodge, ensuite corme capitaine au secteur des travaux de Constantine pendant la Guerre d'Algérie, à la 6e compagnie de combat du génie du 5e régiment interarmes d'outre-mer au Mali, puis au Sénégal, au bataillon du génie sénégalais, et surtout au 33e régiment du Génie à Kehl dont tu fus le Chef de corps de 1975 à 1977.
Un chef exigeant, mais humain dont ton chef, le Général commandant le Génie du 2e corps et des FFA, disait : << Sans cesse en action, visant toujours loin et haut sans perdre le sens du possible, avec l'adhésion enthousiaste de tous ses personnels entrainés par son exemple ». Tu as commandé à des Français, dont beaucoup d'appelés, en temps de paix comme en opération, mais aussi à des Marocains et à des Cambodgiens en Indochine, à des Africains en Afrique. Exigeant avec tes subordonnés, tu l’étais aussi avec tes chefs, surtout quand ils ne se montraient pas à la hauteur, notamment au combat. Tu as dit toi-même que tu étais devenu très vite incommandable. Tu t’es toujours efforcé d'être un sapeur comme Vauban les aimait, ingénieur et combattant, et tu l'as montré en Indochine, en particulier au Tonkin où, en 195l-52, à la tête de ta section de 50 sapeurs marocains du 31e bataillon, tu as participé, en appui des unités d'infanterie et de l'arme blindée, à des opérations très dures qui te vaudront 4 citations avant tes 23 ans, trois à l'ordre de la division et une à l'ordre du corps d'armée, avec l'attribution de la Croix de guerre des théâtres d'opération extérieurs et de la Croix de Chevalier de la Légion d'honneur en 1956.
Ces citations disaient notamment que tu avais donné à tes hommes un magnifique exemple d'allant et de courage, que tu étais toujours volontaire pour les missions dangereuses, que tu étais un exemple pour tous de courage et de sang-froid. Comme te l'avait dit le Général de Lattre de Tassigny à la sortie de Coëtquidan, c'était la Providence qui te portait. Tu avais la Baraka, disait ton sous-officier adjoint, un adjudant marocain. Tu étais d'ailleurs resté le seul survivant des quatre lieutenants du bataillon du Génie débarqués en Indochine en 1951.
En Algérie, la providence a encore veillé sur toi dans cette période difficile et tu es parti d'Afrique du Nord avec une nouvelle citation et la Croix de la Valeur militaire.
Plus tard dans la carrière, dans les postes d'état-major, du Génie ou interarmes, dans les missions de liaison, tu as aussi montré que tu n'étais pas qu'un simple ingénieur avec la seule culture scientifique. Tes qualités intellectuelles, ton amour de la langue française, ton don pour les langues étrangères, en particulier l'allemande et l'anglaise, ton sens des contacts humains et aussi ton humour ont été précieux dans les relations de commandement avec nos alliés et partenaires, mais aussi à l'époque avec nos adversaires potentiels soviétiques. Il est vrai que, dans ce domaine des relations, tu avais, je crois, commencé très tôt, comme en 1944, à 15 ans, en réussissant à convaincre, à la demande de ta tante, une trentaine de soldats allemands, sans doute SS ou commandos spéciaux, de ne pas fumer dans les greniers de la ferme.
Tu as quitté l'armée en 1985 après une carrière bien remplie au service de la France, général de brigade, commandeur de la Légion d'honneur et officier de l'ordre national du Mérite. Tu étais aussi Officier du Mérite sénégalais.
Au Crès, tu n'as pas pu rester inactif et tu t'es investi dans de nombreuses associations dont bien sûr celle des anciens du Génie de l'Hérault. La plupart de ces associations sont présentes aujourd'hui auprès de toi avec leurs drapeaux. Tu ne t'es pas limité aux associations d'anciens combattants ou d'anciens militaires et tu t'es investi aussi à fond dans la Banque alimentaire, avec d'autres militaires retraités dont la plupart appartenaient, comme toi, à l'Association nationale des officiers de carrière en retraite. Avec ta foi chrétienne profonde et ton amour des autres, tu voulais aider les plus démunis et lutter contre la faim.
Au Crès, tu avais bien sûr adhéré à l'association locale d'anciens combattants. En 2000, en désaccord profond avec certains membres du bureau, tu as créé une nouvelle association, "l'Entente des anciens combattants cressois et leurs amis, I'ECCLA, pour que les anciens combattants, français et étrangers ayant servi dans nos rangs, dont bien sûr nos Harkis, soient davantage reconnus et soutenus et que nos morts pour la France ne soient pas oubliés par les jeunes générations.
Pour la même raison et dans ce cadre, tu t'es investi dans le devoir de mémoire auprès des collégiens en organisant des voyages sur les lieux de mémoire avec un plein succès. Avec l'Association nationale des Anciens d'Indochine, tu as œuvré pour qu'une stèle rendant hommage aux combattants d'Indochine soit érigée au Crès et notre commune fut ainsi la première du département à posséder un tel monument.
Jacques, notre cher camarade et ancien, nous penserons à toi et à tous tes camarades d'Indo en passant devant cette stèle, installée désormais dans le Jardin de la Mémoire du Crès, car, pour tous tes camarades et amis, tu resteras un de nos plus beaux exemples de sapeurs et de combattants d'Indochine.
Jean-Marie Veyrat, ancien président de l’ECCLA