Nous avons le regret de vous faire part du décès du général Jean GOT à son domicile, à l’âge de 95 ans.
Danielle, son épouse, à son réveil, a constaté que Jean s’était éteint dans son sommeil.
Voilà ce qu’écrivait Maurice Beaune mardi dernier 4 décembre en fin d’après-midi :
« Danielle avec laquelle j'avais convenu d'une nouvelle visite, m'a accueilli à leur domicile. À mon arrivée, elle m'a présenté au général toujours alité dans son lit médicalisé dans sa chambre aux volets presque clos pour éviter les rayons directs du beau soleil et face à un écran télé allumé pour le distraire un peu...
Il dort beaucoup et mange bien. Il m'a tendu la main à mon arrivée mais je l'ai trouvé sans voix et au visage peu expressif. Je n'ai pas pu ressentir s'il me reconnaissait ou pas, mais malgré le manque de réactions perceptibles, Danielle me disait que oui et que ma visite lui faisait plaisir.
J'ai tenu compagnie à Danielle autour d'un verre et nous avons conversé, pendant un bon moment, de choses et d'autres (notre voyage aux USA et notre découverte de l'immense patrimoine des peintres impressionnistes qui s'y trouve, l'ANOCR... des nouvelles de nos familles respectives... et bien sûr nos sentiments à propos de la situation actuelle de la France...).
Elle fait face aux effets du vieillissement avec beaucoup de lucidité et relativise les désagréments que la vie nous réserve. Elle met tout en œuvre pour que le déclin de son époux se déroule le mieux possible dans son environnement familier avec l'affection des siens... et de ses amis (les Mollière leur rendent visite à peu près toutes les deux semaines, m'a-telle dit) ».
Le général Jean GOT, issu de l’infanterie était de la promotion "Victoire 1945". Il était commandeur de la Légion d'honneur.
Jean et Danielle participaient assidument à de nombreuses activités de l’ANOCR depuis de très nombreuses années.
Mon général, cher papa
C’est d’abord au soldat que tu as été pendant 38 ans que je souhaite rendre hommage.
Comme ton père qui a combattu pendant la 1ère guerre mondiale, tu décides en 1943 de servir ton pays, dans une période où se déterminer n’était pas chose facile. Après quelques mois passés dans les chantiers de jeunesse, puis dans un maquis FFI en Haute Marne, et enfin en février 1945 dans l’une des unités formées par l’école des cadres de Cahors pour participer à la reprise aux Allemands de la poche de la Rochelle, tu finis par rejoindre ce formidable creuset qu’était et qu’est encore l’École Militaire Interarmes, pour y former la Promotion Victoire-Coëtquidan 1945. Vous étiez 2900 à l’entrée. Un peu plus de 1700 seront nommés sous-lieutenants. Tu seras de ceux-là après avoir suivi le stage d’application de l’école d’application de l’infanterie d’Auvours en 1946.
Jeune officier, tu débutes alors une tranche de vie trépidante, qui te verra successivement arpenter le Maroc, au sein du 6e Tirailleur Marocain, puis l’Algérie à Sidi-Bel-Abbès où tu découvriras pour la 1ère fois la Légion étrangère, ta chère Légion, avant d’embarquer pour un 1er séjour en Indochine au sein du 2e Régiment étranger d’infanterie. Tu y passeras plus de 2 ans. À ton retour en 1951, tu rejoins le 1er RI en Allemagne où le destin te fera rencontrer une jeune étudiante française, notre chère maman.
Mais l’intermède est de courte durée, car tu embarques pour un second séjour en Indochine à l’été 1953. Tu y sers au sein du 5e Régiment étranger d’infanterie, et tu y seras blessé par une rafale de mitrailleuse le 3 novembre 1953 au cours d’une action contre l’ennemi qui te vaudra de recevoir sur ton lit d’hôpital la Légion d’honneur, avec attribution de la Croix de guerre des théâtres d’opérations extérieurs avec palme.
Après une longue convalescence sur place, tu prends le commandement comme capitaine d’une compagnie de génie/légion du 5e Étranger, jusqu’en mai 55 date où tu seras rapatrié, pour y retrouver enfin ta chère Danielle, à qui tu écrivais tous les jours, et pour enfin vous marier.
Mais l’époque est loin d’être stable, et dès l’été 55, tu repars en Afrique du Nord dans diverses affectations au sein du 2e REI, puis du 1er Tirailleurs marocains, et enfin à l’état-major de la 9e division d’infanterie à Orléansville. Un court passage en métropole te permettra d’effectuer le stage de l’école d’état-major, avant d’être affecté à Metz à l’état-major de la 6e Région Militaire en mai 1959.
Et ce sera une nouvelle fois l’Algérie pour 2 années de 1961 à 1963, dans diverses affectations en état-major à Mostaganem et Oran.
J’ai souhaité prendre le temps d’évoquer ces 18 ans de ta première carrière de jeune officier, au cours de laquelle tu seras cité 4 fois à l’ordre de l’armée, de la division et de la brigade. Tu n’en parlais pas beaucoup, par pudeur, comme beaucoup de tes camarades. Ces derniers temps, quand je venais à ton chevet, c’étaient ces souvenirs d’Indochine, d’Algérie, que tu arrivais à exprimer avec le plus de force et de clarté.
C’est fort de cette expérience combattante exceptionnelle que tu arrives à Besançon comme chef de bataillon au Centre de perfectionnement des cadres de l’infanterie. C’est là que commence véritablement ta deuxième carrière, vouée toute entière à la formation des cadres.
Tu vas notamment entre 1969 et 1975 marquer de ton empreinte 6 promotions successives d’élèves-officiers, et leur encadrement, de l’École militaire interarmes de Coëtquidan et de l’École militaire de Strasbourg. La présence en cette église de certains d’entre eux témoigne du lien très fort qui s’est tissé entre ces promotions et leur chef. La chute tragique en juillet 1971 d’un avion transportant une partie de la promotion Général Koenig en stage parachutiste, brisant d’un coup 37 vies et leurs familles a été pour toi, et pour maman, un coup terrible, qui a encore davantage resserré les liens.
Tu termines ta carrière en Allemagne comme colonel adjoint de la 12e Brigade mécanisée, puis de l’École des opérations aériennes combinées.
Tu es nommé général de brigade en 1980, le jour où tu quittes le service actif, après 37 ans d’une carrière exemplaire au service de la France. Tu seras promu commandeur dans l’ordre de la Légion d'honneur en 2003.
C’est en général là que se termine l’hommage aux soldats.
Je ne peux néanmoins passer sous silence ces presque 40 années de retraite à Montpellier, dont tu auras consacré l’essentiel à servir les autres avec autant d’engagement et de qualités humaines que tu en as eu au service du pays.
Tu auras ainsi passé près de 10 ans au service de l’association Saint-Vincent de Paul où tu seras successivement délégué social, puis président départemental jusqu’en 1998.
Tu seras également trésorier de la paroisse Saint-Roch et vice-président de l’ANOCR.
Tu t’occuperas également d’un centre de réfugiés vietnamiens à Palavas avec le général Nicot, sans parler des innombrables visites réalisées avec maman auprès des malades dans les hôpitaux, et la collecte au profit de la banque alimentaire.
Mon cher papa, ces qualités humaines ont illuminé notre cercle familial. Ces valeurs d’altruisme, de service et d’entraide, et surtout la droiture et l’intégrité qui ont guidé toute ta vie ont été des exemples pour tes 3 enfants et tes 9 petits-enfants. Nous savons tous que de Là-Haut, tu continueras de veiller sur maman et sur nous tous.
Général de corps d’armée (2s) Philippe GOT