Nous avons le regret de vous faire part du décès du général Jean MURAT, le 11 mai 2021, à l'âge de 98 ans.
Il est mort à son domicile en présence de son fils venu de Paris. Le général Murat était veuf depuis deux ans.
Le général Jean MURAT, avec feu le colonel Pierre SANSELME (grand croix de la Légion d’honneur) et le colonel (er) Michel BARBIER (grand officier de la Légion d’honneur) étaient tous les trois des anciens du glorieux 7e RTA et l’ANOCR leur avait rendu hommage dans son bulletin 2/2011 (voir le fichier ci-dessous). Le deuxième fichier ci-dessous contient quelques souvenirs de guerre du général MURAT.
La cérémonie religieuse s'est déroulée le 19 mai au centre funéraire du Grammont (photos).
Jean MURAT est né le 30 août 1922 à Meknès, au Maroc. Il prépare le concours d’entrée à Saint-Cyr lorsque les Américains débarquent au Maroc en novembre 1942. Il s’engage et entre à l’École des aspirants de Médiouna (Cherchell-Médiouna), en sort aspirant et participe à la campagne d’Italie puis à la campagne de France dans les rangs du 4e RTT (tirailleurs tunisiens). Lieutenant en 1946, capitaine en 1951, il effectue deux séjours en Indochine dont le 1er au 22e BTA.
Breveté de l’école de guerre, il arrive au 7e RTA en 1957 en Algérie où il est chargé des opérations. Chef de bataillon en 1958, il est de retour en métropole en 1961. Il commandera le 7e RI à Landau (FFA) et la 13e brigade motorisée. Général de division en 1979, il rejoindra la deuxième section en 1982.
Blessé au feu en Indochine, 14 fois cité, le général MURAT a été élevé à la dignité de Grand croix de l’ONM en 1996 puis Grand croix de la Légion d’honneur en 2009.
Éloge du général de division Jean MURAT
par le général 2s Jean KIEFFER le 19 mai 2021
au centre funéraire de Grammont à Montpellier
Le Général Jean MURAT est décédé chez lui, à Montpellier, le 11 Mai à l'âge de 98 ans, longévité exceptionnelle pour ce chef qui pendant 20 ans a connu la guerre, les blessures et dont les chapitres de sa vie sont des chapitres de l'Histoire de France.
Jean, Auguste MURAT est né en août 1922 à Meknès, au Maroc, dans une famille de militaires et préparait le concours d'entrée à Saint-Cyr lorsque le 8 novembre 1942, les Américains ont débarqué au Maroc.
Dans le but de mettre sur pied une force importante, tous les jeunes Français de plus de 18 ans ont été mobilisés et l'école de Cherchell, organisée pour former les chefs de section, l'école de Saint-Cyr ayant été volatilisée par l'invasion de la Zone Libre par les Allemands, a en quelque sorte été recréée sur place. Jean MURAT a donc pu obtenir le titre de Saint-cyrien de la promotion "VEILLE AU DRAPEAU" et quitter Cherchell comme aspirant.
Commence alors une brillante carrière où il s'est distingué par son grand courage.
Affecté au 4e régiment de tirailleurs tunisiens, formation de la 3e division d'infanterie algérienne (DIA), commandée par le général de MONTSABERT, une des grandes unités du Corps Expéditionnaire Français - CEF - en Italie aux ordres du général JUIN, l'aspirant MURAT participe aux terribles combats de la conquête du Belvédère lors de la bataille de Monte Cassino qui ont permis de déborder puis d'enfoncer la ligne GUSTAV, livrant aux Alliés la route vers ROME. Le CEF s'y est distingué, le 4° RTT tout particulièrement, mais à quel prix !
Le sous-lieutenant MURAT débarque en Provence le 15 août 1944. Il fait toute la campagne de France jusque dans les Vosges où il est blessé et fait prisonnier pendant les durs combats du Honnecq en novembre 1944. Il est le dernier rescapé des 17 aspirants de sa promotion de Cherchell du 4e RTT. Il est interné dans un offlag en Allemagne. À sa libération en avril 1945, il rejoindra le 1er RTA à Blida.
Désigné pour l’Indochine, le lieutenant MURAT sert au 22e bataillon de tirailleurs algériens de 1949 à 1951, comme commandant de compagnie. Lors des violents combats de Tra-Vinh en Cochinchine, il est grièvement blessé et rapatrié à Oran. Après sa convalescence, il est affecté au 1er RTA en qualité d’instructeur et repart en Indochine au même bataillon en qualité de commandant en second de 1954 à 1956.
À son retour, il est affecté en Algérie au 7e RTA. Il participe aux opérations de maintien de l’ordre dans les Aurès en qualité de chef des opérations. Il est promu chef de bataillon en 1958. Il gardera un souvenir très marqué de cette guerre qui ne disait pas son nom et de la fidélité de ses tirailleurs.
Il prend en 1968 le commandement du 7e RI à Landau (FFA).
Promu général en 1974 après les stages au CHEM et à l’IHEDN, il prend le commandement de la 13e brigade motorisée à Constance (FFA).
En 1976, il assume les fonctions de général adjoint à la 4° région militaire à Bordeaux, et en 1978, celles de commandant de la 23° division militaire à Rouen.
Général de division en 1979, il met sur pied et commande la 12e division d'infanterie.
Après cette brillante carrière, le général MURAT est admis en 2e section en 1982 et s'installe à Montpellier.
Là, il assure pendant de nombreuses années les fonctions de président du conseil d'administration du Musée de l'Infanterie pour en faire le magnifique musée national que nous avons connu.
Titulaire des 3 Croix de guerre, 39/45, TOE et Valeur militaire, totalisant 12 citations dont 3 à l’ordre de l'armée, deux fois blessé au combat, le général Jean MURAT, Grand croix de la Légion d'honneur, Grand Croix de l'ordre du Mérite, a été un grand serviteur de la France.
À son fils Jean-Luc, à toute sa famille qui peut être très fière de leur père, grand-père et arrière-grand-père, je présente mes plus sincères condoléances au nom de la communauté militaire.
À Dieu Mon général, vous pouvez rejoindre votre chère épouse qui vous a quitté, il y a 2 ans.