Nous avons le regret de vous faire part du décès de madame Pierre SANSELME, née Josette LAURET, survenu le 26 février 2021 à l’âge de 91 ans.
Ses obsèques ont été célébrées le 3 mars en l’église Saint Louis à Sète.
Pierre SANSELME était décédé le 1er mai 2016.
Josette et Pierre participaient régulièrement à nos soirées dansantes. Le 19 mars 2016, moins de deux mois avant le décès de Pierre, ils honoraient la soirée de l’ANOCR 34 à Fabrègues (photo ci-dessous).
Toujours élégante, de contact facile, Josette n’était pas en reste pour évoquer les bons souvenirs agrémentés d’anecdotes amusantes.
Éloge de Josette SANSELME
le 3 mars 2021 en l’église Saint Louis à Sète
par sa fille Nathalie
Maman, Manotte,
Tu as rejoint Papa (1) et vous êtes maintenant, comme vous l’avez toujours été, main dans la main. Manotte, il n’y a pas d’adieu, il n’y a que de l’amour. L’amour que tu as porté à ton mari, Papa, dès votre première rencontre dans ce train au départ de Montpellier et qui n’a fait que se renforcer pendant 55 belles années de mariage. L’amour que tu as donné à tes parents, à tes trois filles, à tes cinq petits-enfants et même à un arrière-petit-fils que tu as eu cette année la chance de connaître. Cet amour de la famille a toujours été ton moteur, ton socle et tu nous l’as transmis. Bravo maman pour ce précieux cadeau !
Grâce à lui, mais aussi grâce à ton incroyable énergie, ta personnalité hors du commun, tu étais capable de soulever des montagnes. Tu nous as transmis ton énergie positive, celle du possible, où les barrières tombent sous l’effet de la seule volonté et de la détermination. Cette même énergie qui te poussait irrésistiblement à entamer un pas de danse, à 80 ans passés comme à 20, sur un air de Sidney Bechet.
Avec Papa, tu nous as transmis le courage, celui dont vous avez fait preuve l’un comme l’autre, chacun à sa manière. Celui de Papa lui a valu les plus hautes distinctions de la Nation, dont celle de grand croix de la Légion d’honneur. Ton courage à toi t’a poussée à traverser une rivière la nuit à la nage, à 16 ans en 1944, portant à bout de bras les affaires de ton frère, prisonnier des Allemands. A soutenir ta mère, qui avait perdu en l’espace de 18 mois pendant la guerre, un fils de 16 ans - ton frère Julien-, son mari médecin à Sète, ses parents…
Ce même courage, associé à ton intelligence, t’a amenée à travailler pour soutenir ta famille, tout en obtenant ta capacité en droit. Rapidement, tu as gravi les échelons d’une grande compagnie d’assurances, la Paix, pour y exercer les fonctions de chef de contentieux. Plus tard, alors que nous partions toutes les trois à Paris faire nos études, il t’a poussée à monter un réseau Rhône-Alpes de séjours pour les jeunes à l’étranger, où tu as pulvérisé tous les records sur le plan national.
Tu nous as appris la force de la confiance. Celle que tu as portée aux tiens a toujours été si pure et totale, qu’il n’était tout simplement pas possible de ne pas vouloir en être digne. Cette confiance a été, maman, Manotte, la grande force de l’éducation que tu nous as donnée avec Papa.
Tu nous as transmis le goût de la musique, dans laquelle nous avons baigné toute notre enfance. En particulier la musique classique, que tu connaissais très bien et que tu partageais toi même avec ta mère -nous l’appelions Chérie- virtuose au piano et au violon.
Tu nous as transmis aussi ton humour, le goût du rire, en a régalé plus d’un avec ton tempérament « de feu » et tes célèbres histoires que tu racontais si bien et dans lesquelles tu campais des personnages. Certains croisés à la Twentieth Century Fox, d’autres que tu avais connus, comme Paul Valéry, qui t’avait prise sur ses genoux quand tu étais petite, et à qui tu avais dit « tu piques », Raymond Castans, Georges Brassens, Jean Vilar, Jacques Charon, Maurice Escande, Claude Chabrol, Jeanne Moreau, Agnès Varda, Paul Préboist... et bien d’autres. Mais aussi les gens de Sète, que tes histoires racontées avec force détails faisaient revivre à la façon d’un Pagnol.
Méridionale, tu n’as jamais perdu ta petite pointe d’accent du Midi, que tu sois pendant huit ans en Allemagne, où Papa était muté et où tu as assuré avec panache et fierté le rôle de femme d’officier, à Grenoble, Marseille, Bretoncelles ou ailleurs.
Ce petit accent que nous aimions tant, et même un peu forcé quand nous entonnions tous en chœur et souvent à tue-tête dans la voiture, - pardon Papa qui conduisait - dans le long trajet entre Tübingen et Sète : Quand dans l’azur monte le clair soleil, tout est joyeux sous le ciel de Provence…
Capable de te fâcher et de « monter dans les tours », aidée par une voix qui portait, et qui t’avait valu de te faire remarquer à la Comédie française, tu étais aussi la première à t’attendrir et à pardonner, car tu étais fondamentalement généreuse et toujours prête à donner.
Généreuse, résolument pas timide, profondément sociable et prête à engager la conversation avec une personnalité importante comme avec les gens les plus simples, bref à l’aise avec tout le monde, tu n’établissais pas de distinction dans ton rapport à l’autre. Seule comptait à tes yeux la personne.
Avec Papa, vous nous avez enveloppées, ainsi que vos petits-enfants, d’un sentiment de sécurité, avec beaucoup de moments « roudoudoux », pour reprendre une de tes expressions.
Alors non Manotte, aujourd’hui, « Peucaïre », contrairement à notre chanson provençale, tout n’est pas joyeux sous le ciel de Provence. Mais te savoir, nous en sommes convaincus, main dans la main avec Papa nous réconforte.
Vous voilà ainsi réunis, pour continuer à vivre au plus profond de nos cœurs, aujourd’hui et pour toujours.
Merci Manotte chérie.
(1) Colonel Pierre Sanselme, grand croix de la Légion d’honneur, décédé le 1er mai 2016