Pierre MOLLIÈRE (10 avril 2022)
Nous avons le regret de vous faire part du décès du colonel Pierre MOLLIÈRE le 10 avril 2022 alors qu’il venait de fêter le 6 avril ses 95 ans.
Le colonel Pierre MOLLIÈRE était issu de l’ESMIA, promotion "Garigliano" (1949-1951) et avait fait le choix de servir dans l’artillerie.
Pierre avait assisté aux obsèques de son camarade de promotion André GEYRES le 1er avril en s’y rendant lui-même au volant de sa voiture et, avec son épouse Madeleine, ils avaient participé au dernier tournoi de bridge de l’ANFEM le 25 mars dernier en obtenant de bons résultats.
Pierre et Madeleine, tous deux adhérents de l’ANOCR, participaient assidûment aux activités au grand plaisir de leurs amis. Ils ont participé aux randonnées, puis aux seules marches jusqu’en 2015. Ils étaient aussi golfeurs et connus de notre président actuel qui n’a pas manqué d’adresser un mot de sympathie à Madeleine.
Ses obsèques ont été célébrées le 13 avril 2022 en l’église Notre Dame de la Paix, à Montpellier.
Éloge du colonel Pierre MOLLIÈRE par le général BARASCUD
le 13 avril 2022, église Notre Dame de la Paix, Montpellier
mon cher Pierre, mon Ancien,
Encore une journée de tristesse et de deuil pour notre communauté militaire qui perd avec toi, un beau soldat, un camarade particulièrement généreux et dévoué, un ami pour chacun d'entre nous.
Tu étais né au Mans le 6 avril 1927, il y a 95 ans. Après la libération, à 18 ans, tu t'engages au 64e régiment d'artillerie de la 2e DB. Ce sera ton premier pas dans notre Arme, suivi de beaucoup d'autres car au fil des ans et dans ta carrière d’artilleur, tu serviras dans 10 régiments différents.
Maréchal des logis, tu prépares le concours d'entrée à l'École Spéciale Militaire Interarmes dont tu sors sous-lieutenant en octobre 1951, ayant choisi logiquement l’artillerie.
Un mois auparavant tu as épousé Madeleine au Mans. Se doute-t-elle en ce jour heureux que les guerres ou tout simplement les multiples mutations de son époux vont lui rendre la vie familiale particulièrement difficile ?
Pierre, tu dois maintenant effectuer ta formation d’artilleur à l'école d'arme implantée à Idar, en Allemagne, en zone française d'occupation. Elle sera suivie d'une affectation de quelques mois en corps de troupe pour affermir le métier...
Commence alors pour toi plus de 10 années d'opérations qui s'ouvrent avec ton départ pour l'Indochine à l'automne 1953. Observateur avancé ou lieutenant officier de tir d'une batterie de 105 en centre Annam près de Hué et de Tourane, tu es cité pour ton courage et pour la rapidité et la précision de tes tirs qui permettent de dégager plusieurs unités.
De retour en Allemagne, à Constance en mai 1955 tu ne restes qu'un an, le 72e groupe d'artillerie dans lequel tu viens d'être affecté partant en Afrique du Nord. Avec lui, à Alger tu embarques ta batterie sur le cuirassé Jean Bart pour participer à l'opération sur le canal de Suez.
Après deux années à Lure dans un centre d'instruction où tu es nommé capitaine, tu rejoins à nouveau l'Algérie ou tu prends part aux opérations dans les Aurès et en Kabylie.
Ton régiment rentre en métropole et tu serviras quelque temps dans sa garnison de Strasbourg.
En 1963 troisième départ pour l'Algérie, désormais indépendante, pour des missions diverses à Ouargla, Fort Flatters, Sidi Bel Abbes...
Désormais ta carrière va se poursuivre en France et aux FFA : instructeur à l'École d'Artillerie de Chalons, commandant d'un groupe d'artillerie en Allemagne comme chef d'escadron, délégué militaire départemental à Laon, chef d'état-major de l'artillerie divisionnaire à Fribourg comme Lieutenant-colonel. Tu achèveras ton service actif à la garnison de Landau dans le Palatinat et prendras ta retraite le 7 avril 1983 comme colonel après 37 ans de service dont 7 ans de séparation avec ton épouse.
Une nouvelle vie va alors commencer pour vous deux, moins bousculée, plus heureuse mais non sans engagements, tellement, toi, homme de foi et de service ne peut rester indifférent à la détresse des autres : tu intègres les associations caritatives, Saint-Vincent de Paul, Banque Alimentaire et on te voit aux côtés de nos amis aujourd'hui disparus Jules BELGODÈRE et Étienne MAURENCE, aller distribuer des vivres aux limites du département. Tu visites les prisons... Tu t'engages aussi pour assister l’aumônerie militaire, animeras nos célébrations et, toujours sportif, feras le pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle comme tu nous accompagneras dans nos marches et randonnées de l’ANOCR, ne te plaignant jamais dans la difficulté.
Pierre, tu étais détenteur de la Croix de guerre des théâtres d'opérations extérieures avec étoile d'argent, la Croix de la valeur militaire avec étoile de bronze. Tu avais obtenu trois citations pour ton courage. Tu étais officier de l'ordre national du Mérite et venais d'être promu officier de l'ordre national de la Légion d’honneur.
Nous conserverons de toi le souvenir d'un camarade discret, trop modeste, mais surtout d'un homme de Bien tourné vers les autres, un exemple dans ce monde individualiste et égoïste.
Chère Madeleine, accepte avec tous tes proches, nos bien sincères condoléances et la promesse de t'entourer de notre sympathie.
Pierre, avec les présents de ce matin mais aussi avec mes anciens de ta promotion Garigliano nous prions pour toi et ne t'oublierons pas.
À Dieu et que sainte Barbe veille sur toi.
