Nous avons le regret de vous faire part du décès du capitaine Robert BAYLE le vendredi 23 avril 2021, à l’âge de 93 ans.
Robert Bayle était natif de Montagnac (Algérie) au nord de Tlemcen. Il parlait l’arabe, ce qui lui avait valu de servir longuement au sein du "Service des affaires militaires musulmanes" pendant la guerre d’Algérie.
Officier de la Légion d’honneur, croix de la Valeur militaire avec 3 citations, Robert était le président de la section 34 des DPLV/LH (décorés au péril de leur vie) et vice-président national.
Il était une figure emblématique, sympathique et reconnue du monde des anciens combattants de l’Hérault et du Biterrois et plus particulièrement du Cap d’Agde où il était domicilié.
Le 5 avril 2017, l’ANOCR et l’association DPLV/LH s’étaient retrouvées ensemble à la cérémonie du ravivage de la flamme sous l’Arc de Triomphe et le président Michel OLHAGARAY avait salué Robert BAYLE à cette occasion (photo jointe).
Ses obsèques ont été célébrées le 29 avril en l’église Saint Benoît du Cap-d’Agde.
Éloge du capitaine Robert BAYLE
lu par le colonel (er) André DULOU
le 29 avril en l’église Saint Benoît du Cap-d’Agde
Robert BAYLE est né à Montagnac (Algérie) près de Tlemcen, le 17 octobre 1927, dans une famille aisée de Français d’Afrique du Nord. Il suit des études de langues, et se passionne très tôt pour l’apprentissage de la langue arabe. Sa spécialisation lui vaut, en 1949, d’être admis à l’école des officiers de Cherchell. Jeune officier, il prend le commandement d’un peloton du 6e régiment de spahis algériens, réduit au niveau d’un escadron, pour demeurer à la fois proche de sa famille sur cette terre d’Afrique du Nord où il se plait à donner de l’Algérie française la meilleure image. Fidèle à sa devise empruntée aux spahis de la Grande guerre « Par Dieu, nous vaincrons », il se révèle un jeune officier d’une parfaite rigueur, et d’une grande ouverture d’esprit, mêlant la culture historique à la recherche évidente des vérités et enseignant, dans le respect des convictions de chacun, la grande vocation de chaque officier, à « ressembler aux grands qui ont fait le pays ».
Il participe aux opérations de Tunisie, en 1952, et se comporte avec honneur face à des adversaires souvent cruels. Il réussit parfaitement dans des combats où, disposant de moyens réduits, le succès de ses manœuvres est dignement reconnu.
En 1956, à la dissolution de son escadron, il souhaite servir dans les troupes sahariennes, et il est nommé lieutenant de réserve en situation d’activité pour servir dans une unité d’infanterie, détaché pour les affaires musulmanes. Officier d’une grande rigueur, prenant à cœur de donner la meilleure image de l’armée française, il est grièvement blessé à l’abdomen, lors d’une attaque adverse à Gardhaia, ce qui lui occasionne une évacuation sur l’hôpital d’Alger et une prise en compte d’une invalidité importante, par le service de santé des armées. Cependant, il souhaite revenir dans les unités proches des combats, et se voit décerner une croix sans citation, pour marquer son dévouement au service.
Reçu en qualité d’officier de carrière, il prend une spécialité de transmissions appliquées aux anticipations en cours, et refuse de participer au putsch de 1961. On lui doit la création d’un centre de formation pour enseigner l’administration à de futurs cadres à Dellys, où il donne beaucoup de lui-même afin que certains membres du front de libération algérien soient repentis, et ne s’attaquent plus aux troupes françaises. Ce centre de formation de Kabylie termine son action en 1962.
Le jeune capitaine Robert Bayle est affecté à la 27e division alpine, en qualité de chef du 2e bureau de l’état-major, détaché dans l’arme des transmissions, et dans la spécialité de renseignement. Sa tête est mise en jeu par le Front de libération (FLN) et son nom est inscrit sur les listes des officiers à faire revenir en métropole de toute urgence. De retour en métropole, il ne possède pas l’habilitation utile à la tenue de postes d’officier supérieur.
Il est remarqué par le général commandant la 72e division militaire territoriale de Montpellier, et après un très bref passage au 81e régiment d’infanterie, en cours d’installation dans le département, bien connu en Kabylie, il est nommé à Agde pour tenir le commandement d’une cellule d’écoute. Détaché dans les services du Premier ministre, mais demeurant militaire et officier, des missions lui sont confiées en Corse, et pour donner le meilleur de lui-même, jusqu’en 1965, il sert avec un dévouement exemplaire comme officier d’une grande capacité de travail et d’une parfaite discipline intellectuelle.
Il commence une reconversion en 1966, et est affecté pendant deux années, sur place.
Il quitte le service en 1968, pour embrasser une carrière civile d’agent d’assurances, puis de chef d’entreprise de construction immobilière. Engagé dans la vie de la cité où il a « posé son sac », il est unanimement reconnu par les siens, élu en qualité de vice-président national de l’association des membres de la Légion d’honneur décorés au péril de leur vie.
Officier de la Légion d’honneur, titulaire de trois citations, d’une blessure de guerre et invalide de guerre, il a été président de l’Association des décorés de la Légion d’honneur au péril de leur vie pour l’Hérault pendant de longues années et même vice-président national.
Officier d’une qualité exceptionnelle, étant toujours prêt à servir son pays et d’une vocation chevillée au corps pour servir les autres, en s’insérant avec bonheur dans la vie de ses contemporains, le capitaine Robert BAYLE a montré ainsi tout au long de son existence une rigueur militaire et une ouverture d’esprit, empreinte de droiture et d’esprit de sacrifice.
Aujourd’hui, où les étendards et drapeaux saluent sa mémoire, puisse Dieu accueillir le capitaine Robert BAYLE en vainqueur, selon la belle devise des spahis, au sein d’une paix qui reconnaît tous ses grands mérites.