Daniel BALLER (8 avril 2022)


Daniel BALLER membre de l'ANOCR 34-12-48 décédé le 8 avril 2022 anocr34.fr

Nous avons le regret de vous faire part du décès du colonel Daniel BALLER le 8 avril 2022 à l’âge de 81 ans.

 

Daniel, comme nous étions nombreux à le savoir, souffrait de la maladie de Charcot depuis une année et diagnostiquée en juin dernier. Avec un courage exemplaire et dans la plus grande dignité, il a perdu petit à petit les différentes fonctions de son corps, tout en restant jusqu’au dernier moment en capacité de communiquer avec son entourage.

Issu de l’EMIA, promotion "Zirnheld" (1964-1965), le colonel Baller est un ancien des troupes alpines et a été en poste à l’École d’application de l’infanterie à Montpellier. Son éloge devrait être prononcé par son ami, le général de corps d’armée 2s Marc ALLAMAND, ancien commandant de la 27e Division d’infanterie de montagne.

Installé à Clapiers avec son épouse Brigitte, Daniel était omniprésent dans sa commune et dans le monde associatif de la Défense.

Passionné de chasse et de pêche en mer, il entrainait ses copains dans des parties mémorables et en racontait ensuite toutes les anecdotes avec gourmandise.  

Daniel a été entouré et soutenu par sa famille et son épouse, inlassable à ses côtés jusqu’au dernier souffle.

 

Daniel avait été mis à l'honneur sur ce site il y a peu (voir ICI).

 

Ses obsèques ont été célébrées le 13 avril en l’église Saint Vincent de Castelnau-le-Lez.

 

Obsèques du colonel Daniel BALLER le 13 avril 2022 anocr34.fr

Hommage à Daniel BALLER

par Bernard PAHLAWAN

le 13 avril 2022

 

Mon cher Dany,

Je voudrais témoigner de notre vieille amitié et me faire l’interprète de tous tes amis pour t’adresser, en leur nom, un dernier adieu.

Je les ai classés par groupe et respecté une certaine chronologie tant ils sont nombreux. Et si j’en oublie quelques-uns, qu’ils m’en excusent... c’est l’émotion du moment.

 

Le « clan des Bel-abbésiens » tout d’abord ; il date des années 50. Nous nous sommes connus dans cette ville de garnison d’Algérie, maison mère de la Légion étrangère, où servaient nos pères officiers et nos familles. J’ai rencontré Brigitte en 1950 ; on sera même voisins dans le même immeuble quelques années plus tard, et toi en 1954. On formait une joyeuse bande d’adolescents, fréquentant les mêmes écoles, les mêmes lieux de loisirs (stade Légion, piscine Légion - la plus belle de la ville -, cinéma et salle des sports Légion) et on participait avec nos parents aux cérémonies traditionnelles, comme Camerone ou Noël avec leurs fastes légendaires.

Souviens-toi, de nos sorties, nos jeux, nos premières surprise-parties. On avait même notre équipe de foot à 11 ou à 7, cette dernière quasi invaincue sur les terrains du Maconnais ou de la Commanderie...

Puis, au fil des années, vers 1958, chacun a poursuivi ses études (souvent en pension en Métropole ) et choisi une voie. Beaucoup dans l’armée pour les garçons, ce qui a permis de se retrouver ensuite au gré des affectations ou lors de réunions qu’on organisait à tour de rôle chez l’un ou chez l’autre. Ce sera : Mutzig, Metz, Villerupt, le Valdahon, Baden...

Mariés toi et moi dans les années 64-68 avec deux jeunes filles de ce groupe, Maelle et Brigitte, nos liens se sont encore renforcé. On a suivi la naissance de nos enfants respectifs ; on se retrouvait l’été sur la plage de Carnon ou à des occasions particulières : prises de commandement, par exemple à Neustadt, Mutzig ou au Fort des Rousses...

Puis ce fut le mariage de nos enfants, l’arrivée de nos petits-enfants, le décès de nos parents. À la retraite on se retrouve à Montpellier où vous nous accueillez chaleureusement. Nos enfants y organiseront des réunions familiales surprise, pour les 60 ans de Maelle et moi, ou, un peu plus tard, tes 50 ans de mariage avec Brigitte. De bons souvenirs !... Et le clan des Bel-abbésiens était présent ou représenté à chaque fois.

 

Place à tes autres amis maintenant : ils te saluent une dernière fois :

- Tes camarades de promotion : Cherchell, l’école militaire de Strasbourg puis de l’EMIA à Coëtquidan (promo Sous-lieutenant Zirneld).

- Tes camarades des troupes alpines au sein desquelles tu as longtemps servi, comme évoqué tout à l’heure.

- Le village de Clapiers où tu t’es installé à la retraite et qui va vite t’adopter. Les 2 derniers maires (Pierre MAUREL puis Éric PENSO) t’ont vite repéré pour ta disponibilité et ton enthousiasme ; ils te confiront des postes de responsabilités sociales ou sécuritaires auprès d’eux (sécurité incendie, service civil, anciens combattants dont tu seras un président dynamique et apprécié). Tu seras d’ailleurs fait citoyen d’honneur de Clapiers pour services rendus le 14 juillet dernier. Rare et brillante distinction !

- Adieu aussi de tes amis de chasse (du gibier au sanglier), de pêche (souvent sur ton bateau) et de randonnées qui étaient pour toi comme pour Brigitte des activités de loisir fréquentes et appréciées et des occasions de crapahuter dans la nature que tu aimais tant. Souviens-toi aussi de tes deux voyages inoubliables réalisés en Amérique de Sud que tu adorais raconter...

- Tu étais également membre actif de multiples associations militaires locales : à l’ANOCR, où tu as tenu les fonctions de secrétaire général quelques années ; à la Légion d’honneur comme membre du comité du Pic St- Loup.

Longtemps aussi à l’Amicale des anciens et amis de l’EAI avec laquelle tu feras, avec Brigitte, plusieurs voyages (Cuba, les lacs italiens et Venise, une croisière sur le Guadalquivir pour ne citer que les principaux).

- Enfin je terminerai par ton implication dans les instances régionales sur le handicap où tu as beaucoup donné pour rechercher le mieux-être de ta fille Florence et de certaines familles connaissant des problèmes identiques avec un enfant.

 

Voilà un florilège qui démontre, si besoin en était, ton dévouement, ton enthousiasme et ta générosité vis-à-vis des autres. Tu mérites d’être cité en exemple pour tout cela.

 

Adieu Dany.

 

On se retrouvera peut-être un jour dans l’au-delà car, dit-on, l’amitié n’a pas de limites. On peut donc y croire !...

Et pour toi, Brigitte, sois fière de Dany...Ta famille t’entoure dans ces moments difficiles ; mais vos amis seront toujours là, attristés aujourd’hui, mais fidèles jusqu’au bout.


Hommage à Daniel BALLER

par Marc ALLAMAND

le 13 avril 2022

 

Mon cher Dany,

Nicolas vient d’exprimer au nom des tiens tes belles qualités d’époux, de père et de grand-père, mais ici pour les nombreux amis rassemblés autour de toi, tu étais connu avant tout comme étant «le colonel Baller».

Tu as commencé ta carrière en devançant l’appel comme 2e classe au 18e régiment de chasseurs parachutistes à Pau. Tu avais alors 20 ans. Après une réussite au peloton préparatoire aux EOR, tu es admis le 2 janvier 1962 à l’École militaire d’infanterie de Cherchell en Algérie où tu vivras, pendant ton stage de 6 mois, les évènements dramatiques de l’indépendance. À ta sortie, ton classement te permettra de choisir le 11e choc, mais le destin t’éloignera de tes rêves de porter le béret rouge, et tu seras affecté au 5e régiment de tirailleurs marocains à Dijon avec ton ami Jean-Pierre AVALLE.

Admis à l’École militaire spéciale de Strasbourg en octobre 1962 tu rentres à Coëtquidan en 1964 avec la promotion Zirneld, l’auteur de la prière du Para que tu conserveras toujours sur toi.

Après l’année d’application à l’EAI de Saint-Maixent, la place chez les paras te passe sous le nez et te voilà conduit à embrasser ta carrière d’officier chez les chasseurs alpins comme ton père l’avait fait avant de rejoindre, lui, la Légion étrangère.

 

Pour tous ceux qui t’ont connu au 7e bataillon de chasseurs alpins, là où nos chemins se sont rencontrés pour la première fois en 1967, tu resteras cet officier énergique, meneur d’hommes, d’une grande rectitude morale, t’engageant pleinement dans ta mission de formation de tes chasseurs.

Ces belles qualités humaines et professionnelles, tu devais encore les développer et surtout les faire partager tout au long de ta carrière pour la plus grande joie de ceux qui t’ont côtoyé dans tes différentes affectations :

- d’abord à Saint-Maixent comme instructeur pendant 2 ans,

- puis au 11e bataillon de chasseurs alpins où tu commanderas pendant trois ans la compagnie de reconnaissance et d’appui, après avoir été breveté d’état-major en 1972,

- ensuite en état-major comme officier des sports de la 1re région militaire où tes talents d’organisateur firent merveille.

- Promu chef de bataillon en octobre 1979, tu rejoins pour la deuxième fois le 7e bataillon de chasseurs alpins comme chef du bureau opération et instruction, pendant deux ans,

- avant d’aller commander le groupement de qualification des sous-officiers à l’École d’application de l’infanterie à Montpellier de 82 à 84 puis le groupement d’application des officiers de 84 à 86 où ton expression favorite « mes loulous », pour désigner tes lieutenants, fera ta renommée. Tu es alors lieutenant-colonel.

- En août 86, tu rejoins les Alpes comme commandant en second de l’École militaire de haute montagne à Chamonix. Boute en train, toujours de bonne humeur, tu avais l’art, par tes qualités humaines, de démonter des situations un peu tendues. Tu auras beaucoup œuvré à l’ouverture de l’École vers l’environnement civil, contribuant ainsi au rayonnement de celle-ci.

- Le 30 août 1988, tu prends le commandement du Centre d’entraînement commando des Rousses dans le Jura. Là encore, tes éminentes qualités humaines n’excluant pas la fermeté , ton sens du service désintéressé, ta grande franchise et ton honnêteté sans faille, contribueront à la réussite de ton temps de commandement et à la renommée du centre.

- Le 1er avril 1990, tu es promu colonel et affecté le 8 septembre au 2e corps d’armée à Baden Baden en Allemagne comme chef de la division instruction pendant 3 ans.

 

Vient alors le temps de tes deux dernières affectations :

- D’abord, en septembre 1993, un retour à l’École d’application de l'infanterie à Montpellier que tu connais bien, comme sous-directeur du soutien où ceux qui t’ont connu ont apprécié ton dynamisme, ton efficacité, tes qualités de diplomate avec les personnels civils de l’école, ta bonne humeur et tes conseils avisés. Lors de sorties de détente des cadres sur les pistes de l’Aigoual, tu t’es révélé pour certains un moniteur de ski patient et attentionné.

- Ensuite, en août 1996, c’est ta dernière affectation. Tu débarques, avec ta tarte sur la tête, sur le site des essais nucléaires de Mururoa alors que tu viens d’être nommé commandant des bases interarmées des sites de Mururoa et de Hao.

Commandement complexe par son caractère interarmées, la position géographique isolée, le poids énorme des enjeux politiques nationaux et internationaux liés au démantèlement. Pendant une année, ta ténacité, ta diplomatie, ton énergie seront venues à bout de toutes les embûches au point que ton adjoint, devenu un véritable ami, a cru avoir rencontré Indiana Jones et Mac Gyver réunis dans une même personne au beau milieu du Pacifique !

Enfin, le 20 novembre 1997 sonne l’heure de la retraite. Certains posent le sac, mais ce n’est pas dans ton tempérament et jusqu’au bout tu manifesteras une soif de connaissances, un intérêt pour les relations internationales et l’Histoire, te passionnant pour cette guerre qui se déroule en Ukraine que tu suivais attentivement à la télévision.

 

Tu étais chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur et officier de l’ordre national du Mérite.

Nous sommes tous rassemblés pour te dire, mon cher Dany, notre admiration pour l’exemple que tu nous as donné, celui du courage sans faille, celui de l’amitié partagée, celui d’un cœur ouvert aux autres. Tu laisseras une forte empreinte dans nos mémoires.

Alors répétant le geste que tu m’as fait le 23 mars lorsque je t’ai vu pour la dernière fois, je te fais ce signe de la victoire.

À Dieu Dany.